Bilan après quinze ans de gestion communautaire d'une forêt villageoise de l'Ouest nigérien

Les brousses tachetées sur plateau de la région de Say, au sud-ouest du Niger ont été inventoriées puis aménagées par le projet Énergie II (PE II) en 1991. Des groupements villageois appelés " marchés ruraux " (MR) ont été créés dans les villages volontaires pour organiser l'exploitation et la vente du bois. Pour les MR qui le souhaitaient, une forêt villageoise (FV) a été délimitée, cartographiée et aménagée. Ceux-ci ont reçu le nom de MR contrôlés (MRC). Concernant les coupes de bois, les membres des MRC se sont engagés à respecter les limites de la forêt, un quota annuel, un diamètre minimum de coupe par groupe d'espèces, une liste d'espèces protégées et une rotation de six ans entre deux coupes basée sur un parcellaire aux limites évolutives. Ils devaient également regrouper leurs bois dans des points de vente fixes, tenir une comptabilité et prélever les taxes pour les reverser pour partie à l'État, aux collectivités et au village, en vue d'actions d'intérêt commun, dans le domaine social ou environnemental. En contrepartie, ces MRC ont bénéficié d'une réduction de taxes sur le bois. Après la fin du PE II, ces MR ont été suivis par le ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement, avec de faibles moyens, malgré l'appui de projets comme le Projet d'aménagement des forêts naturelles (PAFN). Quinze ans après les premières coupes, un inventaire a été réalisé dans les forêts de deux MRC de la région de Tientiergou et des enquêtes ont été menées auprès de la population. La comparaison des résultats d'inventaire avec ceux qui avaient été précédemment réalisés dans la même zone ne prouve pas une évolution importante de la biomasse vivante mais montre une disparition presque totale du bois mort. Les enquêtes laissent supposer une diminution du diamètre moyen des tiges, la raréfaction de certaines espèces comme Combretum nigricans et C. glutinosum, au profit d'espèces ayant une meilleure capacité de reproduction sexuée et végétative, comme Guiera senegalensis et C. micranthum. Les enquêtes et les observations prouvent que les limites de la forêt, le parcellaire, les diamètres d'exploitation et les espèces protégées ne sont pas respectés par la majorité des bûcherons. En revanche, il n'y a pas eu de défrichements agricoles dans les FV. Tous les bûcherons interrogés estiment que la création des MR a amélioré leurs revenus et a contribué à leur maintien au village et au bien-être de leur famille, en particulier en années déficitaires en céréales. Concernant l'utilisation des caisses villageoises pour le développement communautaire, celle-ci est très variable d'un village à un autre et au cours du temps. Finalement, malgré un relatif échec technique qui a appauvri la ressource forestière sans en condamner la survie, les MRC se révèlent être une bonne école de démocratie participative à l'échelle villageoise et un vecteur de développement rural dont la durabilité reste cependant à démontrer.

Saved in:
Bibliographic Details
Main Authors: Peltier, Régis, Dessard, Hélène, Gado Alzouma, Rainatou, Ichaou, Aboubacar
Format: article biblioteca
Language:fre
Subjects:K10 - Production forestière, forêt collective, Combretum, Combretum micranthum, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_15955, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_26448, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_c49c5d3d, http://aims.fao.org/aos/agrovoc/c_5181,
Online Access:http://agritrop.cirad.fr/552744/
http://agritrop.cirad.fr/552744/1/document_552744.pdf
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!