Des plantes au fil des numéros

Le bétail adore le calliandra S’il existe un arbuste polyvalent, c’est bien Calliandra calothyrsus. En avril 2002, Spore rappelait l’un de ses atouts : sa capacité à libérer des composés allélopathiques (inhibiteurs de croissance) dans l’environnement et donc à freiner la propagation de l’adventice striga. En Ouganda, où les cheptels laitiers comportent des vaches importées, le calliandra aide à résoudre un autre problème : comment satisfaire l’appétit de verdure de ces nouvelles recrues, sans causer de déboisement ni d’érosion. Les producteurs ont découvert l’intérêt d’allier le zéro-pâturage au calliandra utilisé comme fourrage énergétique. Dina Twesase, une petite exploitante, recourt à cette formule. Elle alimente son unique vache frisonne avec le calliandra qu’elle a commencé à cultiver avec l'aide d'Africare 2000 et du Centre mondial d'agroforesterie (ICRAF). Les exploitants de la région se sont aperçus que cultiver C. calothyrsus en courbes de niveau permet de préserver à la fois le sol et l’eau, d’améliorer la fertilité du sol et d’obtenir des matériaux de clôture, du bois de chauffage, des pieux et des plantes mellifères. Et, comme Dina l’a constaté, le calliandra est champion comme source de protéines pour les vaches laitières. Un complément de 3 kg de calliandra équivaut à 1 kg d’alimentation spécialisée achetée au prix fort. Dina cultive le calliandra associé à d’autres cultures. Cela lui évite de convertir en pâturage une partie de sa petite propriété. En contrepartie de ce régime de choix, sa vache produit 20 l de lait par jour. Merveilleux marula Dans certaines régions d’Afrique, on prête au marula une si grande valeur que le don d’une de ses graines est considéré comme un gage d’amitié. Un article mémorable de Spore 90 rapportait comment ses petits fruits dorés enivrent les éléphants lorsque les baies fermentent dans leur estomac. Les fruits du marula (Sclerocarya birrea) sont utilisés en Afrique australe, leur terre natale, pour la fabrication d’une liqueur. Des producteurs ont récemment pris la mesure du potentiel de ce fruit précieux. Il contient quatre fois plus de vitamine C que les oranges et peut servir de base à toute une série de produits. Une coopérative de la province du Limpopo, en Afrique du Sud, fabrique de la pulpe, de l’huile de graines et une crème dermatologique à partir de marula bio. Marula Natural Products Pty Ltd opère selon les principes du commerce équitable. Ainsi, la société ne se contente pas de transformer le fruit. Elle sert aussi d’intermédiaire entre producteurs africains et acheteurs à l’exportation. Les alliés du niébé Nul besoin de présenter le niébé, Vigna unguiculata (L.) Walp. À de nombreuses reprises, Spore a traité de cette intéressante légumineuse graine. Dans les pays ACP, les cultivateurs apprécient sa forte teneur en protéines, sa résistance à la sécheresse et sa capacité à fixer l’azote de l’atmosphère. Toutefois, alors que ses vertus sont bien connues, le niébé a un inconvénient majeur : il reste très sensible aux parasites et aux maladies, qui causent jusqu’à 90 % de pertes. Spore s’est souvent penché sur ce problème apparemment insurmontable. Cependant, des signes encourageants se font jour. Les chercheurs de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) ont élaboré des variétés à haut rendement qui tolèrent les maladies, parasites, nématodes et adventices les plus courants. Des espèces résistant aux adventices telles que le striga sont actuellement testées sur des parcelles paysannes. Des espèces à maturation précoce, plus tolérantes à la sécheresse et à l’ombre, sont également développées. Dans le même temps, les producteurs de niébé du Bénin, du Burkina Faso, du Ghana, du Mali, du Niger, du Nigeria et du Sénégal apprennent à fabriquer et à manipuler des insecticides à base de plantes. Le Projet niébé pour l’Afrique (PRONAF) utilise des espèces à haut rendement qui résistent aux principaux parasites, maladies et adventices, y compris les thrips des fleurs (Megalurothrips sjostedti), la pyrale du pois (Maruca vitrata), la bruche à quatre taches (Callosobruchus maculatus) et le striga. Le PRONAF les associe à des insecticides végétaux, au séchage solaire et aux techniques de conservation par triple emballage. Parmi les pesticides végétaux efficaces figurent la papaye, le neem et les extraits de poivre et de tabac. Moringa multi-usage Faut-il encore présenter Moringa oleifera, cet arbre oléagineux présent dans la plupart des pays tropicaux d'Afrique, d'Asie et d'Amérique ? Il s'est d'abord fait connaître dans Spore 19 par ses graines capables de filtrer et d'épurer l'eau de manière parfaitement écologique. Le Moringa est aussi un “arbre de vie” très généreux. Ses feuilles, riches en vitamines, minéraux et protéines, se mangent en sauce et accompagnent les céréales. Séchées et réduites en poudre, elles aident à lutter contre la malnutrition, notamment infantile. Traditionnels ou novateurs, les usages de cet arbre sont multiples. En 2002, Spore 100 en recensait pas moins de dix-neuf différents. Bien d'autres pistes de recherche sont encore explorées : pour l'alimentation animale, comme hormone de croissance végétale, comme pâte à papier, en engrais vert, en phytopharmacie. Le Moringa n'a pas encore dévoilé toutes ses vertus… Vétiver,l’herbe magique L’huile extraite des racines du vétiver (Vetiveria zizanioides) est utilisée en parfumerie depuis des siècles. En octobre 2004, Spore 113 (p. 3) rapportait que les populations rurales, au Mali et au Nigeria, vendent du vétiver à l’industrie cosmétique. Cette plante se révèle aussi remarquablement utile dans la préservation des sols et de l’eau et, de plus en plus, comme outil environnemental. Planté en courbes de niveau, le vétiver agit comme un système filtrant qui ralentit l’écoulement des précipitations, réduit le ruissellement et accumule les sédiments du sol au pied des haies. Dans les régions ACP, notamment dans certaines îles des Caraïbes et du Pacifique, à Madagascar, au Sénégal et au Nigeria, il sert à lutter contre l’érosion. En Éthiopie et au Malawi, il est planté sur les pentes afin de réduire l’écoulement et les flux de sédiments en amont des bassins versants, améliorant ainsi la qualité de l’eau en aval. Spore 80 faisait état d’essais, menés en Thaïlande, qui ont démontré que planter des rangs de vétiver contribue à absorber les substances agrochimiques, en particulier les pesticides. Des expériences similaires ont connu un certain succès en Chine. L’intérêt pour cette technique va croissant, surtout si elle peut être reproduite ailleurs. Déjà, en Afrique du Sud, le vétiver est employé pour drainer les effluents miniers toxiques. Le vétiver a l’avantage de prospérer à la fois dans des environnements humides ou secs et sur les sols acides ou alcalins. Il résiste également très bien aux parasites et aux maladies. Sa propriété la plus remarquable réside peut-être dans ses racines exceptionnellement longues qui s’enfoncent jusqu’à 3-4 m. De nombreux cultivars ne fleurissent pas et la plante ne peut donc pas devenir une adventice. Une fois qu’il a pris, le vétiver ne nécessite que peu d’entretien. Ses feuilles et ses racines peuvent être utilisées comme chaume et pour le tissage. Pas étonnant que les Américains l’appellent l’herbe magique ! Le retour de l’amarante graine L’amarante graine fait partie des “aliments oubliés” de ce monde. Cultivée de manière intensive par les Incas et les Aztèques d’Amérique centrale et du Sud, cette plante multi-usage et résistante regorge de vitamines et de minéraux. Aujourd’hui, elle constitue peut-être un espoir de réponse à la sécurité alimentaire dans les zones sèches des régions ACP. Spore 119 revenait sur le cas des paysans kenyans qui cultivent Amaranthus hybridus, l’un des nombreux cultivars propres à la production de graines, avec l’aide de l’ONG locale Systèmes stratégiques de réduction de la pauvreté (SPAS). Au Nigeria, un projet de la Coopération américaine aide également les agriculteurs à découvrir les avantages de cette culture trop longtemps négligée. L’amarante graine convient particulièrement aux environnements chauds et humides et résiste bien aux parasites et aux maladies. Elle pousse rapidement, nécessite peu d’eau et est exceptionnellement riche en lysine, un acide aminé essentiel qui fait souvent défaut dans les protéines végétales. SPAS fournit des graines certifiées pour la culture. L’objectif est de pénétrer à la fois les marchés à l’exportation en expansion et les marchés domestiques. On compte actuellement plus de 40 produits contenant de l’amarante graine sur le seul marché de l’alimentation diététique des États-Unis. Photos : © ICRAF, © Syfia International, R. Myers © Institute Grain Amaranth, © Gully, © bio.uu.nl

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 2006
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/63168
https://hdl.handle.net/10568/99641
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