«Nous savons ce qu'il faut faire»

L'attitude qui consiste à affirmer «nous savons ce qu'il faut faire»pèse de tout son poids dans le choix des priorités et la planification des projets dans les zones rurales. Malheureusement, c'est l'opinion des experts étrangers, et non de la population locale, qui prédomine. Lors d'une récente réunion* destinée à étudier et évaluer le développement rural en Afrique, l'un des principaux intervenants, M. Moise Mensah, ancien vice-président du Fonds international de développement agricole (FIDA) et ancien ministre du Développement rural au Bénin, a illustré par une anecdote la nécessité de consulter la population locale : «Une équipe d'experts s'est un jour rendue dans une région sous-alimentée d'un pays pour mettre la dernière main à un projet de développe ment rural. Lorsqu'ils ont rencontré les villageois, les experts les ont interrogés sur leurs priorités, s'attendant à une réponse telle que : «Nous voulons accroître la production, nous voulons des semences de meilleure qualité, des engrais, etc.» Or, les villageois ont répondu : «Donnez-nous une route d'accès permettant l'acheminement des médicaments, car nous avons beaucoup de problèmes de.santé par ici». Ils ont expliqué que ces problèmes étaient dus à la pollution de l'eau : les déchets produits par le village, déchets humains compris, étaient rejetés dans la rivière, qui était aussi leur seule source d'eau potable. «Si vous pouviez nous aider à améliorer notre système d'évacuation des déchets, cela nous serait d'une grande utilité», ont indiqué les villageois. «Par ailleurs», ont-ils poursuivi, «nos enfants ne peuvent rester avec nous, au village, car l'école la plus proche se trouve en ville». Qu'est-ce que cela avait à voir avec l'augmentation de la production agricole ? Pour les villageois, c'était très clair. «Si vous pouvez nous aiderà être en bonne santé, et à construire des écoles qui nous permettraient de garder nos enfants près de nous, ils pourraient alors participer aux activités agricoles, et nous serions en mesure d'augmenter la production». () L'atelier international d'étude et d'évaluation des programmes de développement rural en Afrique était coorganisé par le Centre pour le développement rural intégré en Afrique - CIRDAFRICA, le CTA, la GTZ (Office allemand de la coopération technique) et la FAO. li s'est tenu à Arusha, Tanzanie, du 17 au 21 janvier 1994.

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1994
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/60575
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