Philosophie et religion en christianisme

Le théme des rapports de la philosophie et de la religion me parait &re une clef importante -et mame décisive— pour comprendre d'un part l'évolution de la philosophie en Occident, et d'autre part le sens mame de la réflexion philosophique sur le mystére de l'étre que l'on voit á l'oeuvre dans la tradition de la sagesse chrétienne, singuliérement chez saint Thomas d'Aquin. La philosophie occidentale n'a jamais cessé de débattre avec le christianisme. La raison en est que le christianisme, á travers la meditation de ceux qui recherchaient une intelligence plus profonde de la foi, n'a cessé d'expliciter un certain nombre d' «exigences philosophiques»2. Chez les Péres, sans doute, on voit deux attitudes se manifester das le siécle. A celle d'un Justin qui, philosophe avant sa conversion, le demeure une foil devenu chrétien en assurnant et dépassant tout l'effort de la pensée grecque, répond l'attitude d'un saint Irénée méfiant envers une philosophie qui voudrait transformer la théologie en une pure et simple philosophie.appliquée au domaine révélé. A la vérité, ces deux orientations sont plus complémentaires qu'opposées et elles finiront par s'harrnoniser de plus en plus, au moins á partir du iv'me siécle latin. De ce point de vue, on peut considérer que saint Thomas, en donnant á la théologie son statut de science, permettra á cette déjá longue tradition de rationalité chrétienne de trouver son aboutissement en lui donnant de passer d'un état d'indifférenciation des sagesses (de la raison et de la foi) á leur distinction dans la cohérence d'un harmonieux ajustement3. Cet effort de synthése sapientiale sans confusion sera loin pour autant de faire l'unanimité. La pensée moderne se dressera finalement, dans ses courants dominants, contre cette conception d'une sagesse intégrale, une en mame temps que différenciée dans les savoirs théologique et philosophique qu'elle intégre et met en oeuvre. Elle puisera une source majeure d'inspiration dans le christianisme de la Réforme4. Désormais le pessimisme sur les capacités de la raison humaine, que Luther considérait comme «l'ennemie-née de la foiJ, et le rationalisme le plus accentué s'opposeront moins qu'ils ne se reriforceront l'un l'autre dans un mame entrainement vers une sécularisation de plus en plus manifeste de l'ensemble de la culture...

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Bibliographic Details
Main Author: Floucat, Yves
Format: Artículo biblioteca
Language:fra
Published: Pontificia Universidad Católica Argentina. Facultad de Filosofía y Letras 1999
Subjects:RELIGION, CRISTIANISMO, Tomás de Aquino, Santo, 1225-1274, FILOSOFIA CRISTIANA, TOMISMO,
Online Access:https://repositorio.uca.edu.ar/handle/123456789/12895
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