Un charançon dans la salade

La laitue d'eau, Pistia st rafiot es pour les scientifiques, « panau » en peuhl et « teumbelane » en ouoloff, est une calamité, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal. Il y a quelques années, le lac de Guiers, au nord de Dakar, ressemblait par endroit à une prairie, l'eau étant recouverte d'un épais tapis de verdure. En empêchant la remontée d'eau salée dans le fleuve, la construction du barrage de Diama en 1985 a favorisé la prolifération de cette plante aquatique. Depuis, elle envahit les canaux d'irrigation, obstrue les crépines des moto-pompes et prive les poissons d'oxygène. C'est un chercheur sénégalais, Ousseynou Diop, à la tête d'une modeste équipe qui a relevé le défi en appliquant un procédé de lutte biologique déjà testé au Zimbabwe : le charançon d'eau Neohydronomus amis, ennemi naturel du pistia. Le charançon pond à la base des feuilles de laitue et ses larves s'attaquent à la plante avec des perforations d'un millimètre de diamètre environ. Les feuilles jaunissent et l'affaire est réglée en quinze jours. Pistia affaiblie se ratatine puis meurt. Trois mois après les premiers lâchers d'insectes, les salades ont disparu. Mais comme dans toute lutte biologique, on a au préalable vérifié si le charançon était susceptible de s'attaquer à des plantes utiles car dans ce cas, le remède peut être pire que le mal. Fort heureusement, les études menées sur une quarantaine de plantes ont révélé que notre charançon n'aimait guère d'autre plante que le Pistia. Ousseynou Diop - Projet de lutte biologique - Service de la protection des végétaux BP 20084 - Thiaroye - Dakar – SENEGAL

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Bibliographic Details
Main Author: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
Format: News Item biblioteca
Language:French
Published: Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation 1996
Online Access:https://hdl.handle.net/10568/61234
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